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Cancer de la prostate : le dépistage dès 50 ans

Le cancer de la prostate tue un homme toutes les heures en France. Il est pourtant perçu comme une maladie peu évolutive et curable. Un a priori qui doit être nuancé. Explication.

La particularité du cancer de prostate réside dans sa survenue qui commence à partir de 50 ans. Concernant son incidence, il s’agit du premier cancer masculin et, en termes de mortalité, c’est le troisième cancer après celui du poumon et du côlon. Un homme sur sept environ développera un cancer de prostate au cours de son existence. Au niveau national, cela correspond à 50 000 nouveaux cas et 8100 morts par an. Soit un mort toutes les heures. Il s’agit donc bel et bien d’une maladie qui tue.

 

L’importance du diagnostic

Diagnostiqué trop tard, le cancer de prostate peut se transformer en cancer métastatique dont on peut certes réduire la vitesse d’évolution avec un traitement hormonal, mais qui est fatal à plus ou moins long terme. A contrario, un cancer précoce localisé dépisté tôt est souvent de bon pronostic, avec plus de 95 % de guérison. Il est erroné de dire qu’un cancer de prostate évolue peu. C’est une maladie à deux visages. Son évolution dépend du type d’adénocarcinome détecté. Dans un cas le cancer de la prostate sera peu évolutif sur 10 à 15 ans, voire d’avantage (environ 50 % des cancers de la prostate), ce qui conduit à simplement surveiller la maladie quand elle est détectée tôt. Dans l’autre cas, le cancer évolue plus rapidement et peut entrainer la survenue de métastases et le décès s’il n’est pas traité immédiatement au stade précoce. On parle, ici de cancers moyennement ou peu différenciés (50 % des cas).

 

Une maladie sans symptômes

L’incidence du cancer de la prostate augmente avec l’âge. C’est un cancer de l’homme vieillissant.  La maladie est rare avant 50 ans et la moyenne d’âge des diagnostics est de 67 ans. D’où la nécessité de se dépister dès 50 ans et de ne pas attendre l’apparition des symptômes. En effet, il est erroné de penser que le cancer de la prostate entraine des troubles mictionnels qui alerteraient le patient. Au début de la maladie, celui-ci ne ressent aucun symptôme. Lorsque les troubles mictionnels existent, cela n’indique pas la présence d’un cancer de la prostate, mais souvent celle d’un adénome. Ne pas ressentir de symptômes ne signifie en revanche pas que tout va bien. Le cancer de prostate est sournois, totalement silencieux, à l’exception des stades évolués (avec métastases osseuses).

 

Dépister dès 50 ans

Avec le dosage de PSA (Prostate Speci­fic Antigen ou antigène spéci­fique de la prostate) et le toucher rectal tous les 2 ans, on détecte tous les types de cancers de prostate. Plus de 80 % d’entre eux sont diagnostiqués alors qu’ils sont encore localisés à l’organe. Les protocoles de dépistage ont beaucoup évolué ces dernières années et les biopsies de prostate ne sont plus systématiques. C’est une avancée majeure car, elles peuvent être source d’inconfort et d’infection. Lorsque le PSA est augmenté, l’IRM de la prostate est faite en première intention. Si l’IRM est normale, dans la plupart des cas, la biopsie n’est pas prescrite. À l’inverse, si l’IRM est douteuse, l’examen va permettre de guider la biopsie. C’est ce que l’on appelle la biopsie ciblée, qui vise la partie atteinte de la prostate. Il est aujourd’hui possible de proposer un parcours de dépistage nuancé et personnalisé (date de début du dosage du PSA, fréquence du dépistage…) en fonction des résultats des différents examens qui sont réalisés et des caractéristiques cliniques du patient (âge, antécédents familiaux…).

 

La fin du surtraitement

Pendant longtemps, le principal reproche qui était fait au dépistage était d’entrainer un risque de surtraiter les patients. Contrairement à ce qui se faisait il y a une dizaine d’années, tous les cancers de prostate ne sont désormais plus traités. Certains bénéficient simplement d’un protocole de surveillance. Cette surveillance active qui a modifié les pratiques en profondeur évite le surtraitement inutile. Par exemple, les cancers bien différenciés, peu agressifs et peu évolutifs ne sont plus soignés. Au cours du suivi, des contrôles sont proposés au patient. Ils donnent une idée très précise de l’évolutivité de la maladie. Si la thérapeutique n’est pas toujours nécessaire, le dépistage en revanche l’est toujours.

 

Vanessa Avrillon
14-11-2023

Le contenu de cet article a été validé par le Comité de Cancérologie de l’AFU 

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