Infertilité masculine : suis-je stérile et pourquoi ?
Un couple sur sept serait infertile. Dans 30 à 40 % des cas l’homme est impliqué dans la difficulté du couple à procréer. Quand parle-t-on d’infertilité masculine et comment la dépister ? Réponse avec le Dr Antoine Faix, urologue, andrologue et sexologue à Montpellier.
L’infertilité masculine se définit par une anomalie dans la production de spermatozoïdes par les testicules ou de leur mobilité dans les voies génitales masculines ou féminines. Un couple est dit infertile lorsque, non couvert par une contraception, il ne parvient pas à concevoir au cours d’une période de 12 mois. D’après les données de l’Enquête nationale périnatale (ENP) et de l’Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (Obseff), 15 à 25% des couples sont concernés. Les hommes consultent peu de prime abord. En cas de difficulté à débuter une grossesse, le gynécologue est le premier recours de la femme à laquelle le spécialiste prescrit un bilan. « Le gynécologue peut également conseiller au conjoint d’effectuer un spermogramme », explique le Dr Antoine Faix. Si celui-ci est normal, aucune autre exploration ne sera réalisée du côté masculin. En revanche, si le spermogramme s’avère anormal, une investigation plus poussée est nécessaire.
Les causes d’infertilité masculine
Les problèmes de fertilité sont généralement découverts à l’âge adulte. Il arrive que l’impuissance, la dysfonction érectile ou l’éjaculation précoce aboutissent à l’absence de procréation dans un couple. Au-delà de ces facteurs déclenchant potentiellement l’infertilité masculine, s’en ajoutent de nombreux autres remontant parfois à l’enfance. La cryptorchidie (ou ectopie testiculaire) représente une cause fréquente d’infertilité. Correspondant à l’absence du testicule dans la bourse, la cryptorchidie est due à un défaut de migration du testicule de l’abdomen vers les bourses pendant la vie fœtale. Même si l’enfant a été opéré jeune, cette affection peut causer une infertilité à l’âge adulte, au même titre que les infections génitales contractées plus tardivement. Bien que la plupart des enfants soient vaccinés, les oreillons sont dangereux pour la fertilité masculine. S’ajoutent les interventions chirurgicales dans la zone génitale (cure de hernie, torsion d’un testicule…). « L’hypofertilité peut aussi être induite par la consommation de produits toxiques comme la drogue (cannabis), le tabac ou l’alcool », ajoute le Dr Faix qui cite également les anomalies génétiques comme le syndrome de Klinefelter (caryotype XXY, présence d’un chromosome sexuel supplémentaire). Ce syndrome s’accompagne d’un défaut de production de testostérone, de troubles du sperme et d’anomalies hormonales. « Toutes les maladies chroniques et métaboliques sont susceptibles de compromettre la fertilité, nous précise le Dr Faix et la récente crise sanitaire a fait émerger une nouvelle cause d’hypofertilité. « Comme toute virose, le covid peut induire une diminution transitoire de la fertilité », fait remarquer le spécialiste qui ajoute qu’un cancer des testicules, tout comme les traitements anti-cancéreux extrêmement toxiques dans leur ensemble, ne sont pas sans conséquences sur la fertilité masculine.
En l’absence de cause…
Afin de comprendre l’origine de la perturbation du spermogramme, une consultation chez un urologue est conseillée. Après l’interrogatoire du patient, le spécialiste réalise un examen clinique, prescrit une échographie, un bilan sanguin et hormonal complet ainsi qu’une étude génétique. Une anomalie génétique peut être détectée à l’occasion des explorations effectuées pour l’infertilité. Cependant, il arrive malheureusement que, malgré l’absence d’antécédents particuliers ou de consommation de toxiques, le bilan ne fasse pas émerger de raison susceptible d’expliquer l’anormalité du spermogramme. L’urologue suggère alors au patient d’effectuer un deuxième spermogramme à trois mois du premier. Si celui-ci résulte normal, aucune exploration complémentaire ne sera utile. « Nous différencions les situations où le spermogramme ne décèle aucun spermatozoïde de celles où le sperme en contient un peu », note le Dr Faix. « Lorsqu’il n’y en a aucun, l’urologue suggère une intervention pour tenter d’en prélever chirurgicalement. Et si le sperme contient un peu de spermatozoïdes, une insémination ou une fécondation in vitro sont possibles en évitant tout geste invasif ».
Traiter l’infertilité
Si des causes toxiques potentielles ou métaboliques ont été mises en évidence comme la consommation de tabac ou de drogues douces, la surcharge pondérale, il est possible d’agir pour améliorer la qualité du sperme. Cela passe par le sevrage et la diététique. Les dysfonctionnements hormonaux peuvent également bénéficier d’un traitement médical hormonal. Si la problématique est génétique, il est parfois possible d’envisager une prise en charge thérapeutique. Enfin, lorsque l’infertilité n’est pas médicalement expliquée, l’urologue propose des cures à base de vitamines ou d’antioxydants susceptibles d’améliorer la qualité du liquide séminal. Le diagnostic de stérilité est très difficile à assumer car la plupart du temps, aucun signe annonciateur ne laisse présager un dysfonctionnement et, souvent, aucune origine n’est mise en évidence. « Il arrive parfois malheureusement qu’aucune cause ne soit décelée de part et d’autre, mais que la femme ne parvienne pas malgré tout à être enceinte », remarque le Dr Faix qui regrette que les thérapeutiques quant à elles, ne soient pas systématiquement couronnées de succès.
Vanessa Avrillon
26-09-2022