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Calculs au rein : les prévenir et les soigner

Soyons rassurants : tout le monde ne fait pas des calculs au rein. Mais lorsqu’ils surviennent, les calculs provoquent d’importantes douleurs incitant à consulter en urgence et nécessitant une prise en charge adaptée pour éviter la récidive.


« Les calculs sont la conséquence d’un excès de minéraux dans les urines. Cette sursaturation est due à une trop forte concentration de minéraux par manque de dilution des urines », explique le Dr Nadia Abid, urologue aux Hospices Civils de Lyon et membre du comité lithiase de l’AFU. « En cas d’excès de minéraux, ils se cristallisent et les cristaux s’agrègent en calculs », précise la spécialiste.

Des symptômes…

Tant que le calcul est dans le rein, il n’est pas douloureux. Il est parfois découvert au décours d’un examen d’imagerie. Si la douleur apparaît, on parle de colique néphrétique. Le calcul migre des reins vers la vessie et se bloque dans l’uretère (canal allant du rein à la vessie, mesurant environ 5 mm de diamètre et 30 cm de longueur). Lorsqu’il se bloque dans l’uretère, le calcul empêche l’évacuation des urines, ce qui entraine la dilatation du rein. Cela provoque de fortes douleurs dans le dos et jusqu’aux organes génitaux. Le patient ne parvient plus à trouver de position antalgique et la douleur le conduit aux urgences. Le traitement de référence des calculs repose en premier lieu sur la prise d’anti-inflammatoires afin de réduire l’inflammation de l’uretère, permettre à nouveau l’évacuation des urines et ainsi, le passage du calcul dans la vessie. « Lorsqu’un patient consulte pour une colique néphrétique, nous lui conseillons également d’arrêter de boire. Plus il va boire, plus le rein va se remplir et gonfler et plus ce sera douloureux. Tant qu’il y a des douleurs, il ne faut pas boire », nous éclaire le Dr Abid. La plupart des calculs s’évacuent seuls, même si cela peut prendre entre quelques jours et un mois. Dès que l’inflammation est réduite et que les urines parviennent à circuler de nouveau malgré la présence du calcul dans l’uretère, les douleurs s’estompent.

… À la chirurgie

Lorsque que le patient présente de la fièvre ou une infection associée, que le calcul ne s’évacue pas spontanément ou qu’il est très gros (au-delà de 7mm), l’urologue propose rapidement une intervention chirurgicale. Dans un premier temps, il effectue habituellement une dérivation urinaire en posant une sonde JJ. Il s’agit d’un tube souple, comme une paille, permettant de court circuiter le calcul, qui sera positionné dans l’uretère (entre le rein et la vessie) et qui va drainer les urines. La sonde JJ, complètement interne, reste en place jusqu’à l’opération d’extraction du calcul. Celle-ci se réalise le plus souvent dans un deuxième temps (parfois il arrive que le calcul puisse être traité directement en 1 temps) ; l’intervention consistant à casser le calcul au laser. « Sous anesthésie générale, on monte dans l’uretère avec une petite caméra (urétéroscope) jusqu’au contact du calcul pour le casser et le retirer », précise le Dr Abid.

Prévenir les calculs

« Un patient qui a souffert d’un calcul a 50 % de risques de récidive dans les 5 ans », met en garde l’urologue de Lyon. Une échographie annuelle de surveillance sera donc prescrite à tout patient ayant déjà fait un calcul. La prévention des récidives est indispensable et basée sur l’analyse du calcul trouvé. « Quelle que soit la pathologie métabolique associée qui favoriserait la formation de calculs, elle sera diagnostiquée en étudiant celui-ci. Cette analyse permet ensuite d’orienter le traitement préventif », explique le Dr Abid. Quelques règles hygiéno-diététiques sont à prendre en considération, mais un régime à proprement parler est inutile. « Puisqu’ils sont habituellement causés par un défaut d’hydratation et un excès de minéraux concentrés dans les urines, on peut prodiguer des conseils généraux pour éviter tous les types de calculs, fait remarquer la spécialiste. Il est donc systématiquement conseillé d’augmenter la diurèse et donc d’accroître les apports liquidiens pour augmenter le volume uriné ». Pour une diurèse optimale de plus de 2 litres par jour, il est nécessaire de boire quotidiennement au moins 2 litres. Bien que les calculs soient formés par du calcium, la quantité de minéraux n’est généralement pas en cause dans leur survenue. C’est sa concentration qui entraine la formation de calculs. Ainsi, l’urologue n’incitera pas à réduire la consommation de calcium. « On a même plus de risques de faire des calculs si on ne mange pas assez de calcium ! », alerte le Dr Abid qui suggère une alimentation équilibrée avec l’apport d’un gramme de calcium quotidiennement (3 produits laitiers par jours). Quant à l’eau du robinet, elle est tout à fait consommable, même si elle est calcaire, car son taux de calcium est régulé et contrôlé par les mairies. Il n’est pas nécessaire d’acheter de l’eau en bouteilles. Réduire l’apport en sel (qui augmente la concentration de calcium dans les urines) et en protéines est en revanche nécessaire. « Il ne faut pas consommer plus de 9 grammes de sel et environ 100 grammes de protéines (1 gramme de protéine par kg) par jour », estime la spécialiste. Les fruits et les légumes sont consommables à volonté. Lorsque le patient souffre de calculs d’acide urique dans lesquels il n’y a pas de calcium, le sucre et les sodas sont déconseillés. Ces calculs sont favorisés par des urines acides, le diabète et le surpoids. Ils peuvent être dissous simplement en augmentant le PH des urines, en buvant notamment de l’eau de Vichy. Il existe également des traitements spécifiques à base de citrate de potassium qui peuvent être prescrits pour faire fondre les calculs de taille importante.

 

Vanessa Avrillon

Crédit photo : AdobeStock_500214695

Les différents types de calculs

 

La composition des calculs est fonction du minéral qui se cristallise. La majorité des calculs contient du calcium. Il en existe de plusieurs types :

  • Calculs d’oxalate de calcium
  • Calculs de phosphate de calcium
  • Calculs d’acide urique
  • Calculs de struvite : calculs phosphoamoniacomagnésiens dus à de l’infection chronique qui entraine la formation de gros calculs. Il arrive également que des malformations anatomiques favorisent les infections. Elles peuvent être traitées afin d’éviter la formation de calculs.
    – Calculs d’origine génétique : ils sont dus à des maladies génétiques comme la cystine, l’hyperoxalurie primitive, les acidoses tubulaires distales. La maladie lithiasique commence tôt dans l’enfance et les patients font beaucoup de calculs. Si on ne traite pas ces pathologies qui ont une thérapeutique propre, cela peut aboutir à la destruction des reins, la dialyse et la greffe rénale.

 

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