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Cancer : le sport à toutes les étapes de la maladie

Lorsque l’on souffre d’un cancer, l’énergie peut manquer et le moral vaciller. Il est pourtant indispensable d’entretenir une activité physique régulière. Elle est le partenaire privilégié de vos traitements.

 

Même malade et, surtout lorsqu’on est malade, conserver une activité physique et sportive est essentiel. S’entretenir en pratiquant un sport lorsque l’on souffre d’un cancer permet d’accroître les capacités fonctionnelles, les performances physiques, les fonctions cognitives et sexuelles. Le sport contribue également à l’amélioration de la composition corporelle par la diminution de la masse graisseuse et l’augmentation de la masse maigre. « Les patients qui font du sport sont en meilleure forme physique et plus heureux que les sédentaires. En pratiquant une activité ils évitent la dépression, la fatigue et le stress liés à la maladie. Garant d’une meilleure minéralisation osseuse, le sport réduit le risque de chute et de fracture », détaille le Dr François Rozet urologue à l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris.

 

Tous les cancers concernés

L’intérêt de pratiquer un sport a été clairement démontré dans les cancers du sein et du colon avec une diminution de la mortalité globale et du risque de récidive. « Il est important que les urologues se saisissent de cette thématique car, nous disposons déjà de données établies dans le cancer de la prostate. Le sport aide à lutter contre le syndrome métabolique des patients métastatiques ou traités par une suppression androgénique. La castration hormonale s’accompagne en effet de tout un cortège d’effets secondaires comme la déminéralisation osseuse, la sarcopénie, l’hypertension, le diabète qui peuvent être limités grâce à l’activité physique adaptée », explique le Dr Rozet. Même à un stade localisé de la maladie, le sport améliore la qualité de vie des patients, réduit les effets secondaires des traitements, la fatigue spécifique à la maladie et les effets psychogènes. « Les patients actifs résistent mieux aux traitement et l’impact sur le pronostic de la maladie est très souvent positif », ajoute le Dr Rozet qui encourage tous les patients à faire du sport. Si l’activité permet de réduire le risque cardio-vasculaire, elle s’accompagne parfois aussi d’un changement de mode de vie avec une perte de poids quand elle est nécessaire. Et il arrive que les patients parviennent à arrêter de fumer et développent une meilleure estime d’eux-mêmes.

 

Une balance bénéfices / risques en faveur de l’APA

Parfaitement adaptée au profil métabolique de chaque patient, l’Activité Physique Adaptée (APA) est bien encadrée par des professionnels (professeurs de sport, kinésithérapeutes, coachs). Les bénéfices du sport sont toujours conséquents et la toxicité, si elle survient, très limitée. « Un patient en surpoids, fumeur et très sédentaire ne doit pas se jeter à corps perdu dans le sport. Dans toute activité, il existe un risque cardio-vasculaire », met tout de même en garde le Dr Rozet. L’OMS recommande 150 mn d’activité d’endurance par semaine ou 75 mn d’activité soutenue, ou encore une combinaison des deux. Plus l’activité est importante, plus le bénéfice sera conséquent. « Il y a une relation dose / effet et les bénéfices sont majeurs, explique le Dr Rozet. Mais Il faut éviter le syndrome du « weekend warrior » avec une suractivité en fin de semaine et une vie totalement sédentaire la semaine et également veiller à ce que la bonne volonté initiale ne s’amenuise pas avec le temps ». Des sports d’intensité faible, modérée ou élevée sont prescrits en fonction du métabolisme et des capacités de chacun. Les sports de combats ou traumatisants pour le corps ont des effets bénéfiques limités sur le patient et sa maladie. « Les études montrent que dans la population générale, les bénéfices sont toujours largement supérieurs aux risques d’accidentologie notamment cardio-vasculaire, mais il est nécessaire d’encadrer ce risque », conseille le spécialiste. En cas de doute, une épreuve d’effort sera prescrite par le médecin et une consultation avec un cardiologue suggérée. L’activité physique adaptée s’articule autour d’exercices d’entretien de fond, de renforcement musculaire, des mouvements pour lutter contre l’ostéoporose ou la sarcopénie (diminution des fibres musculaires accentuée par les traitements hormonaux). Les centres de cancérologie proposent des soins de support s’intégrant dans les traitements non médicamenteux du cancer. Des outils connectés (montre, téléphone) et des applications peuvent aider à maîtriser le niveau d’activité et à s’entrainer à en faire plus si nécessaire. À noter que l’activité physique adaptée, si elle est prescrite par un médecin, n’est pas prise en charge par l’Assurance Maladie.

 

Vanessa Avrillon

Crédit photo : AdobeStock_283608659

L’APA encouragée par les institutions

L’activité physique adaptée (APA) est un objectif mondial lancé par l’OMS à travers le plan d’action globale qui s’étend de 2018 à 2030 et intitulé « Des personnes plus actives pour un monde plus sain » (1). De son côté, le ministère de la santé et de la prévention a relayé ce plan d’action en lançant en 2019 une campagne de promotion de la santé par l’activité physique et sportive (2), accompagnée d’un programme nutrition et santé. Preuve que ce sujet intéresse nos institutions, en juillet 2019, la Haute Autorité de Santé publiait le « Guide de promotion, consultation et prescription médicale d’activité physique et sportive pour la santé » : un grand livre de recettes et de valorisation de l’activité physique adaptée (3). Enfin, s’il fallait encore prouver les bienfaits de l’activité physique, le Vidal, grande bible du médicament, stipule que l’activité physique adaptée fait partie des traitements non médicamenteux des cancers.

 

 

(1) Plan d’action mondiale pour promouvoir l’activité physique 2018 – 2030

(2) Campagne de promotion de la santé par l’activité physique et sportive

(3) Guide de promotion, consultation et prescription médicale d’activité physique et sportive pour la santé 

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