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Du sang dans les urines : dois-je consulter ?

Découvrir que l’on a du sang dans les urines peut surprendre et inquiéter. Il ne s’agit pas obligatoirement d’une pathologie grave, mais ce symptôme doit inciter à consulter pour déterminer la cause du saignement et la traiter.

Avoir du sang dans les urines, en langage médical, cela s’appelle une hématurie. Il est important d’en rappeler la définition. L’hématurie peut être macroscopique, c’est-à-dire visible par le patient lui-même (les urines sont rouges) ou microscopique et invisible car la quantité de sang est trop faible pour être décelée à l’œil nu. Lorsque le saignement est invisible, il est découvert à l’occasion d’un examen réalisé pour une autre raison, comme une bandelette urinaire effectuée dans le cadre d’une visite à la médecine du travail. Quoiqu’il en soit, le saignement dans les urines est anormal et justifie de procéder à des examens pour en chercher la cause. 

L’ECBU : examen de référence

Dans de très rares cas, il se peut que la coloration rouge des urines soit liée à la consommation de certains aliments ou médicaments. Mais la plupart du temps, la présence de sang dans les urines alerte le patient qui consulte spontanément son médecin traitant. L’examen de référence prescrit en première intention est l’ECBU, destiné à examiner l’urine au microscope. L’ECBU va déterminer si une infection est à l’origine du saignement. En effet, si une infection est décelée, elle peut expliquer l’hématurie. « Dans le cas d’un tableau infectieux – avec symptômes de cystite, de brulures en urinant et de fortes douleurs pelviennes associées à du sang -, qui disparait avec une antibiothérapie, on peut supposer que l’infection urinaire est à l’origine des saignements », explique Le Pr Yann Neuzillet, urologue à l’hôpital Foch de Suresnes et membre du comité de cancérologie – sous-comité vessie – de l’AFU. Des explorations complémentaires ne sont pas utiles dans l’immédiat. En revanche, en l’absence d’infection avec un ECBU négatif, des examens plus approfondis sont nécessaires pour comprendre la cause du saignement dans les urines.

Les explorations conseillées

« Afin de gagner du temps, ajoute le Pr Neuzillet, certains examens d’imagerie peuvent être prescrits par le médecin traitant avant même qu’il adresse son patient à un spécialiste. L’échographie de l’appareil urinaire est la première étape incontournable. Elle décèle la présence de tumeurs éventuelles au niveau des voies urinaires, des reins ou de la vessie. Avec l’échographie, le radiologue vérifie également l’existence de gros calculs qui pourraient expliquer les saignements ». Grace à cette exploration, le patient évite parfois la fibroscopie, un examen plus invasif qui consiste à introduire une caméra dans la vessie à la recherche de tumeurs qui auraient échappé à l’échographie. Lorsque ces examens mettent en évidence la présence d’une tumeur, le saignement est justifié. D’emblée, le spécialiste propose un traitement adapté. « Mais il arrive que l’imagerie par échographie ne parvienne pas à repérer les tumeurs de très petite taille. Si la fibroscopie est également négative et que rien n’explique l’hématurie, l’urologue prescrit un uroscanner (scanner avec injection de produit de contraste) ». S’agissant d’un examen irradiant, l’uroscanner n’est réalisé qu’en deuxième intention.

Quelles sont les pathologies qui font saigner ?

« Les causes principales de saignement non fréquentes mais graves sont le cancer de la vessie, le cancer de la voie urinaire “supérieure“ (uretère), le cancer du rein et les calculs urinaires », précise le Pr Neuzillet. D’autres causes bénignes sont à l’origine d’hématuries comme les infections urinaires et chez l’homme, l’hypertrophie bénigne de la prostate qui entraine des saignements par irritation ou inflammation de celle-ci. « Dans ce cas, rassure le Pr Neuzillet, il n’y a pas d’enjeu thérapeutique ». Si toutes les causes ont été éliminées, y compris les pathologies graves, sans qu’un problème particulier n’ait été mis en exergue, le patient ne sera pas traité pour son hématurie. L’urologue restera vigilant et conseillera une surveillance à son patient.

Pourquoi consulter un urologue plutôt qu’un néphrologue ?

Néphrologue et urologue sont tous deux des spécialistes de l’appareil urinaire. Mais en première intention, il est préférable d’éliminer les pathologies urologiques. « Lorsqu’on décèle du sang dans les urines, l’urologue est l’interlocuteur privilégié. Ce spécialiste traite les pathologies chirurgicales de l’appareil urinaire (reins, uretères, vessie, prostate, appareil génital masculin, appareil urinaire de la femme) », détaille le Pr Neuzillet. « C’est à lui que revient le travail de détection des maladies graves mettant en danger la vie. L’urologue a la charge de déceler les éventuels cancers, calculs ou malformations qui provoqueraient des saignements ». Les autres pathologies pouvant expliquer la présence de sang dans les urines sont prises en charge par le néphrologue. Ce spécialiste traite de façon médicale les pathologies du rein qui perturbent le fonctionnement de l’organe. Ce dysfonctionnement entraine le passage des globules rouges dans les urines ou cause des maladies comme l’insuffisance rénale, des calculs rénaux ou de l’hypertension. On parle alors de pathologies néphrologiques.

Vanessa Avrillon

 Crédit photo : AdobeStock_111119230

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