Préparation physique avant chirurgie de cancer urologique : quels enjeux ?
Jusqu’à présent, il n’existait pas d’évaluation de l’efficacité thérapeutique de programmes d’exercices de préadaptation avant les chirurgies urologiques du cancer. Pour y remédier, une revue systématique pluridisciplinaire a été publiée récemment dans European Urology afin d’étudier la validité des programmes de préhabilitation physique proposés avant chirurgie urologique. Le point avec Guillaume Ploussard, chirurgien urologue à Toulouse, et responsable du sous-comité « Prostate » du CCAFU.
Une amélioration cardiorespiratoire démontrée
« L’intérêt principal de l’activité physique en préparation d’une chirurgie de cancer urologique est l’amélioration de l’état de forme du patient avant l’intervention. Cela permet de réduire l’impact du traumatisme chirurgical. » explique Guillaume Ploussard. Selon l’urologue, « Cela est surtout vrai pour des patients qui ont d’autres maladies associées notamment cardiovasculaires, et pour des chirurgies lourdes, comme l’ablation de la vessie. En optimisant son statut physique, cardiorespiratoire avant l’intervention, l’impact de l’anesthésie et de la chirurgie sera réduit, laissant espérer une récupération plus rapide et plus facile après l’opération ».
Une étude a donc été réalisée afin de déterminer l’efficacité de la réalisation d’un programme d’exercices physiques avant une chirurgie de cancer urologique (rein, vessie, prostate). Les chercheurs ont démontré une amélioration significative de la condition cardiorespiratoire des patients ainsi qu’une amélioration significative de leur qualité de vie.
Le rôle de l’urologue dans la prévention
Selon Guillaume Ploussard, le rôle de l’urologue, en plus des informations habituelles données sur les modalités et les risques de la chirurgie, est d’axer son discours sur cette préparation à la chirurgie, et de proposer des options adaptées à chaque patient, grâce à l’intervention de différents acteurs, comme des infirmières spécialisées, des kinésithérapeutes, des enseignants en activité physique adaptée.
« Il est possible de mettre en place un programme d’hyperpréparation d’une journée au cours de laquelle les patients rencontrent, en atelier individuel ou de groupe, des infirmières spécialisées (annonce, douleur), un kinésithérapeute, une psychologue, une diététicienne, d’autres spécialistes si nécessaire, afin de les préparer au mieux à l’avant-pendant-après intervention, et de leur proposer un programme de préparation adapté » précise le Dr Ploussard. « Les résultats d’un tel programme ont été publiés, démontrant un bénéfice sur la durée d’hospitalisation, les complications, les réadmissions, et sur la récupération fonctionnelle après chirurgie, c’est-à-dire la continence notamment. »
Bien qu’il apparaisse donc clairement que les exercices de préadaptation à la chirurgie améliorent la condition cardiorespiratoire et la qualité de vie des patients, l’évaluation des résultats après la chirurgie reste insuffisante. La question se pose concernant la validité des programmes d’activité physique à proposer. Ainsi, de nouvelles études sur cette préhabilitation sont nécessaires pour assurer la validité de ces programmes. Les urologues français effectuent actuellement un travail dans ce sens, via l’AFU, dans le cadre de la mise en avant de la chirurgie ambulatoire.
Source :
Logan G. Briggs, Chanan Reitblat, Paul A. Bain, Sara Parke, Ny-Ying Lam, Jonathan Wright, James W.F. Catto, Robert J. Copeland, Sarah P. Psutka, “Prehabilitation Exercise Before Urologic Cancer Surgery: A Systematic and Interdisciplinary Review”, European Urology, 2021, https://doi.org/10.1016/j.eururo.2021.05.015
Crédit photo : iStock