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Survivants au cancer des testicules et santé mentale : quels constats ?

Le Dr Thibaut Murez, chirurgien urologue à Montpellier et responsable du sous-comité « Organes génitaux externes » du CCAFU, fait le point sur la santé mentale des survivants du cancer des testicules. 

Les sujets atteints de cancer des testicules sont généralement jeunes, parfois ils n’ont que 20-25 ans. « À cet âge, on n’a pas toujours les ressources pour affronter la maladie », explique le Dr Murez. « De plus, quelques années plus tard les survivants peuvent également rencontrer des difficultés à fonder une famille par exemple, ou à obtenir un crédit immobilier ».

Ainsi, une étude canadienne a évalué le recours à des services de santé mentale chez les survivants du cancer des testicules, à la suite de leur diagnostic et de leur traitement. Dans cette étude, les chercheurs ont observé que ces patients consultaient plus souvent les services de santé mentale que la population générale : surtout au moment de la chirurgie et du traitement mais aussi après, une fois considérés comme guéris ou en rémission. La différence reste importante au cours des 12 années suivant la chirurgie d’ablation du testicule.

Un constat qui n’étonne pas le Dr Murez. « Le suivi psychologique, en France c’est encore le parent pauvre chez les survivants d’un cancer urologique ». Il explique : « Dans un service de cancérologie, il y a des orientations possibles quand le patient en a besoin. En revanche, en service de chirurgie ou de radiothérapie, la proposition de prise en charge psychologique des survivants est au second plan. En tant qu’urologue on se focalise plutôt sur le traitement du patient et le suivi consiste en une surveillance technique pour vérifier que le cancer ne progresse pas ».

En France, il n’existe pas encore de recommandations pour les urologues à ce sujet. « Cela relève finalement de la sensibilité du praticien d’orienter le patient vers une prise en charge psychologique. Il faudrait peut-être lancer une enquête auprès des urologues pour savoir quels sont, en pratique, les sujets abordés – ou pas – lors de la consultation », conclut le Dr Murez. Une réflexion intéressante et nécessaire qui pourrait permettre d’améliorer, à plus long terme et en équipe pluridisciplinaire, les plans de soins des survivants du cancer des testicules.

Source
Raphael MJ, Gupta S, Wei X, Peng Y, Soares CN, Bedard PL, Siemens DR, Robinson AG, Booth CM. “Long-Term Mental Health Service Utilization Among Survivors of Testicular Cancer: A Population-Based Cohort Study”. J Clin Oncol. 2021 Mar 1;39(7):779-786. doi: 10.1200/JCO.20.02298. Epub 2021 Jan 28. PMID: 33507821.
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