Infection VIH et MST : quelle prise en charge des risques d’infertilité ?
Il existe davantage de cas d’infections sexuellement transmissibles (IST) chez les personnes vivant avec le VIH. Ces co-infections sexuellement transmissibles augmentent la contagiosité du VIH par le biais de processus inflammatoires locaux. Il est donc important de les prendre en compte dans les mesures préventives pour contenir la propagation du VIH. Le point avec le Dr Charlotte Methorst, chirurgien urologue, membre du Comité d’andrologie et médecine sexuelle de l’AFU (CAMS).
« En France on estime que 150 000 personnes seraient infectées par le VIH, dont 30 000 qui l’ignorent et seraient alors responsables de plus de la moitié des nouvelles contaminations. De plus, 10 000 personnes se sachant infectées par le virus VIH ne se font pas traiter. Cette situation induit deux conséquences. Une première pour le patient, avec un risque plus élevé de progression vers le stade sida et de décès. Puis une deuxième, pour la collectivité, car toutes les études montrent que les personnes traitées efficacement ont un risque de transmission du virus considérablement diminué. »
Il arrive fréquemment qu’on observe chez un même patient une infection à VIH et d’autres infections de l’appareil reproducteur transmissibles par voie sexuelle.
Parmi les co-infections les plus fréquentes, on retrouve le Chlamydiae trachomatis appelé communément chlamydia, causée par une bactérie qui sévit dans les pays industrialisés ; jusqu’à 45 % des patients asymptomatiques, ce qui contribue à la pérennisation de l’épidémie. L’infection à gonocoque (Neisseria gonorrhoeae) est la deuxième IST bactérienne la plus fréquente dans le monde. Le nombre de cas a augmenté de 32 % entre 2015 et 2016 avec 1 600 nouveaux cas en 2016 (Bulletin des réseaux de surveillance publié par l’INVS en 2016). Enfin, la syphilis, une IST très ancienne, est en recrudescence depuis la fin des années 90.
La fréquence de ces co-infections a donc significativement augmenté au cours du temps, passant de 12,7 % en 2012 à 17,5 % en 2016. Le Dr Methorst précise : « Le nombre de cas ne cesse d’augmenter dans le monde depuis la fin des années 90, avec l’arrivée des thérapies hautement actives contre le VIH (HAART). En effet, depuis cette période, on assiste à une évolution des mœurs et à une augmentation des pratiques sexuelles à risque avec une banalisation du sexe oral, une plus grande fréquence du sexe anal y compris chez l’adulte jeune hétérosexuel et une moindre protection par préservatif. Cette banalisation du manque de protection est encore plus nette depuis l’avènement de la PrEP (Pre-Exposure Prophylaxis, NDLR). »
La plupart de ces infections sont asymptomatiques, particulièrement chez la femme.
Cependant, ces IST peuvent être transmises aux partenaires sexuels et favoriser la transmission du VIH. Elles peuvent également être à l’origine de complications graves infectieuses ou être responsables de cancer ou de troubles de la fertilité. Ces troubles de la fertilité peuvent être notamment dus chez l’homme infecté à VIH à des altérations de la qualité du sperme ou, chez la femme infectée à gonocoque, à une imperméabilité des trompes ne laissant plus passer les ovules.
Le dépistage joue donc un rôle primordial pour le diagnostic et le traitement de ces IST chez l’adulte et l’adolescent, a fortiori dans la population à risque des personnes présentant une infection à VIH.
Ainsi des mesures préventives à deux échelles s’imposent afin de limiter les co-infections et les IST chez les sujets infectés par le VIH. Premièrement, le dépistage du VIH doit être encouragé au sein de la population générale, au moins une fois au cours de la vie, et autant de fois que nécessaire après une prise de risque, afin de détecter le virus le plus rapidement possible. Deuxièmement, une fois diagnostiquées, les personnes séropositives doivent également se voir proposer un traitement antirétroviral pour éviter les maladies et handicaps liés à l’infection au VIH ainsi que des dépistages réguliers d’IST.