Les facteurs héréditaires du cancer de la prostate
Les facteurs héréditaires prédisposant au cancer de la prostate sont à rechercher lorsqu’il existe une histoire familiale évocatrice ou un cancer de la prostate métastatique. Le Pr Olivier Cussenot, coordonnateur de l’intergroupe GETUG-AFU revient sur les éléments clés de prise en charge.
Les facteurs de risque du cancer de la prostate identifiés avec certitude sont l’origine ethnique (Afrique subsaharienne et Antilles principalement) et les antécédents familiaux d’un cancer du même type ou du sein. Les formes familiales c’est-à-dire au moins un cas chez un parent du premier degré (père, frère) sont observées dans environ 20 % des cas. Cependant des critères de prédisposition héréditaire dit « monogéniques » c’est à dire n’impliquant qu’un seul gène avec un risque de transmission de la mutation de ½ ne sont retrouvés que dans 5 % des cas. Les formes familiales sont donc majoritairement liées à des mutations sur plusieurs gènes donc polygéniques (1). À l’heure actuelle, environ 150 gènes de susceptibilité ont été identifiés comme facteurs de risques du cancer de la prostate. Ces variants représentent 80 % des facteurs génétiques impliqués dans le cancer de la prostate. Les facteurs génétiques de cancer de la prostate concerneraient 34 % des cancers diagnostiqués à l’âge de 70 ans, et 43 % à l’âge de 55 ans. Certaines formes liées à ces prédispositions héréditaires ont une évolutivité particulièrement agressive justifiant une prise en charge spécifique.
« Les facteurs héréditaires sont recherchés dans deux circonstances : premièrement, une histoire familiale de cancers ; deuxièmement en cas de cancer métastatique nécessitant des traitements spécifiques » souligne le Pr Cussenot. Il est dont primordial de rechercher et d’identifier les antécédents familiaux de cancer de la prostate. « Plus précisément, les facteurs de risques héréditaires sont définis par la présence d’au moins trois parents du premier degré atteints, ou bien deux apparentés diagnostiqués avant l’âge de 55 ans, ou encore, au moins trois cas recensés en tenant compte de la transmission par la mère (oncles maternels) » précise le Pr Cussenot. Il faut également rechercher des antécédents familiaux de cancer du sein, et/ou de cancer des ovaires, évoquant avant tout la recherche de mutation prédisposante sur un gène impliqué dans la réparation de l’ADN appelé BRCA2. Il existe aussi des syndromes de cancers multiples familiaux comme le syndrome de Lynch bien que le cancer de la prostate soit plus marginal dans ce type de syndrome. Le Pr Cussenot ajoute que « pour des patients métastatiques, un screening génétique peut être nécessaire, indépendamment du facteur familial pour accéder à certaines thérapeutiques comme les inhibiteurs de PARP ».
Ainsi, lorsqu’une mutation est suspectée (histoire familiale de cancer ou patient métastatique), l’urologue adressera le patient à l’oncogénéticien pour effectuer une recherche de mutation prédisposant au cancer. Des tests existent à l’instar des tests génétiques de dépistage pour le cancer du sein (MammoRisk®) et permettent d’établir un plan de dépistage personnalisé. Pour le cancer de la prostate, le test est actuellement en voie de commercialisation. Pour conclure, le Pr Cussenot rappelle l’intérêt de la recherche de facteurs de risque héréditaires « même pour un cancer débutant s’il y a une prédisposition héréditaire, le patient doit être surveillé régulièrement et être traité activement. »