Préservation de la fertilité et cancer : recommandations et référentiel de l’INCa en collaboration avec l’AFU
La proposition d’une préservation de la fertilité est indispensable pour offrir une prise en charge optimale et homogène des enfants, adolescents, jeunes adultes et adultes atteints de cancer. Le Professeur Éric Huyghe, responsable du Comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’AFU, et membre du GEX sexualité et fertilité de l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (AFSOS) fait le point sur les pratiques.
La fertilité, c’est-à-dire le fait de produire des ovules ou des spermatozoïdes capables de concevoir un bébé, peut être impactée par les traitements anti-cancéreux. Il s’agit d’un effet indésirable fréquent de ces traitements. Son impact sur la qualité de vie des patients jeunes est très important. Des mesures de préservation de la fertilité sont disponibles bien que trop peu de patients en soient convenablement informés. « En matière de préservation de la fertilité, la prise en charge n’est pas optimale », selon le Pr Huyghe. L’INCa et ses partenaires ont publié des recommandations afin de pallier le manque de référentiel en la matière. « D’une manière générale, les patients concernés par la préservation de la fertilité sont les hommes de moins de 60 ans, les femmes de moins de 40 ans, les adolescents et les enfants. Les mesures de préservation de la fertilité doivent être effectuées avant le démarrage des traitements pouvant affecter les testicules ou les ovaires », poursuit le Pr Huyghe. Depuis 2013, un arrêt de la Cour de cassation précise que « ne pas proposer la préservation de la fertilité lorsqu’elle peut être envisagée, s’apparente à un dommage moral et à une perte de chance si le défaut d’information et le préjudice sont établis pour le patient. » Le Pr Huyghe spécifie que « la préservation de la fertilité fait partie du champ des soins de support des cancers et à ce titre, constitue un indicateur de la qualité des soins. »
La préservation de la fertilité chez les hommes par congélation de sperme est performante et largement pratiquée. Elle peut être proposée par le praticien à partir de 12 ans et peut se faire à partir de spermatozoïdes recueillis par éjaculation. Aujourd’hui, les CECOS ont un grand savoir-faire dans l’accompagnement des jeunes adolescents. Chez le garçon prépubère, la biopsie testiculaire (ponction à l’aiguille) associée à la congélation de la pulpe testiculaire peut être proposée lorsque le traitement oncologique fait courir un risque important sur la fertilité. Cependant, il n’est pas actuellement possible d’utiliser cette pulpe, c’est pourquoi une consultation spécialisée est nécessaire pour expliquer la balance bénéfice-risque. Chez l’homme adulte, il peut être impossible de recueillir des spermatozoïdes par éjaculation. C’est le cas lorsqu’il y a un défaut de production dans le testicule, on parle alors d’azoospermie ou en cas d’absence d’excrétion des spermatozoïdes par impossibilité d’éjaculer (anéjaculation) ou en présence d’obstruction des conduits éjaculateurs. L’Onco-TESE (Testicular Oncological Sperm Extraction) permet alors de réaliser une congélation de spermatozoïdes après biopsie testiculaire et extraction des spermatozoïdes, dans environ un cas sur deux. Cette technique peut également être proposée chez les patients pour lesquels la congélation de sperme est un échec.
Chez la femme, toute patiente de moins de 38 ans qui doit recevoir un traitement à haute toxicité ovarienne, doit bénéficier d’une consultation de préservation de la fertilité. Entre 38 et 40 ans, elle peut être discutée au cas par cas. La cryoconservation (conservation par grand froid) ou congélation des ovocytes qui sont les précurseurs des ovules est une méthode de préservation de la fertilité qui fonctionne très bien pour les patientes de moins de 37 ans, parfois au-delà. Si le traitement comprend une radiothérapie avec irradiation des ovaires, une chirurgie visant à écarter l’ovaire du champ irradié peut être proposée. L’autre possibilité qui peut être envisagée est la congélation du tissu ovarien obtenu par prélèvement d’un ovaire entier ou d’un fragment de cortex ovarien.
Références :
Préservation de la fertilité et cancer – Thésaurus – Publication à télécharger
Cecos – Préserver sa fertilité