Prolapsus de la femme : quelles sont les nouvelles recommandations de la Haute Autorité de Santé ?
À la suite des différentes polémiques visant les chirurgies prothétiques par voie vaginale, la HAS actualise ses recommandations pour la prise en charge du prolapsus de la femme. Le Dr Thuillier, expert de ce domaine, nous en dit plus.
Les recommandations de la Haute Autorité de Santé font peau neuve. Après les polémiques qui ont visé les chirurgies prothétiques par voie vaginale, l’institution a décidé de donner de nouvelles directives aux professionnels pour la prise en charge du prolapsus de la femme.
Une réponse aux problématiques
Plus connu sous le nom de descente d’organe, le prolapsus correspond à un glissement des organes du petit bassin vers le vagin. À partir de 2019, des voix dissonantes ont commencé à se faire entendre autour de sa prise en charge. Leur source ? Une alerte émise par la Food and Drug Administration (FDA) à propos des prothèses par voie vaginale utilisées jusqu’alors pour lutter contre le prolapsus. « Il existait déjà des recommandations communes rédigées par les différentes sociétés savantes sur le sujet, cependant l’HAS a tenu à les actualiser à la lumière de ces polémiques » nous explique le Dr Thuillier, membre du CUROPF* et du GRAPPPA**.
Compte tenu du risque de complications (douleurs, infections) liées à la chirurgie prothétique par abord vaginal, la HAS a donc décidé de la suspendre. « Elle reste autorisée dans le cadre d’essais cliniques », précise le Dr Thuillier. Une réserve qui ne concerne aucunement les prothèses utilisées pour la promontofixation ; une technique de référence qui consiste à limiter les faiblesses des tissus grâce à plusieurs prothèses. La chirurgie vaginale autologue, qui répare le prolapsus en utilisant les tissus de la patiente, reste également autorisée.
Une meilleure éducation des praticiens
Diagnostic, traitements, chirurgies… Les bonnes pratiques de la prise en charge de cette pathologie sont passées au crible dans ce document. Un travail dont doivent se saisir les chirurgiens mais également les généralistes. Et pour cause, leur rôle est primordial dans la détection précoce de cette pathologie. Un interrogatoire sur le confort pelvien de la patiente peut parfois suffire. En cas de plainte fonctionnelle, le praticien pourra également procéder à un examen clinique. « Il leur est alors possible de proposer les premières lignes thérapeutiques », précise le Dr Thuillier. Parmi elles ? La perte de poids, l’arrêt du tabac ou encore la lutte contre la constipation qui peuvent permettre d’éviter que le cas de la patiente ne s’aggrave. Autre point abordé par la HAS, la réhabilitation des pessaires – un anneau chargé de maintenir les organes en place. Aidant à corriger les symptômes, ce dispositif permet de retrouver confort et qualité de vie. « C’est un traitement qui a une mauvaise image car associé à un imaginaire palliatif, ancestral et pourtant le pessaire peut représenter une solution idéale pour de nombreuses patientes », détaille le Dr Thuillier, qui rappelle que cette alternative doit être proposée avant « toute proposition de chirurgie ».
Les patientes au cœur des recommandations
Au travers de ses recommandations, la HAS fait également le point sur l’accompagnement des patientes. Afin de leur proposer le traitement le plus adapté, elle insiste sur la nécessité de mieux cerner leurs besoins et attentes. Une participation active qui doit être soutenue par la transmission d’une information claire. Pour parvenir à cet objectif, la HAS a d’ailleurs décidé de parler le langage patient au travers de fiches explicatives sur le « pessaire » et le « prolapsus » qui devraient bientôt être publiées.
* Comité d’Urologie et de Périnéologie de la femme
** Groupe de recherche appliquée à la pathologie pelvi-périnéale des personnes âgées