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Un nouveau traitement dans le cancer de vessie métastatique

Les anticorps constituent une nouvelle classe de médicaments qui améliorent la prise en charge de plusieurs types de cancers. Dans les cancers des voies urinaires aussi, leur utilisation se développe. Le Dr Yohann Loriot, Oncologue et membre du comité de cancérologie de l’AFU nous en explique les grands principes.

Au mois de février une étude paraissait dans le New England Journal of Medicine. Les résultats prometteurs, ont été présentés lors du congrès annuel de l’association américaine de cancérologie. Ces résultats devraient conduire à l’autorisation de mise sur le marché d’un nouveau médicament, l’enfortumab vedotine, dans le cadre de la prise en charge des patients atteints de cancer des voies urinaires métastatiques.

L’enfortumab vedotine est un anticorps-médicament. Il est donc composé d’un anticorps humain, c’est à dire une protéine du système immunitaire, qui est dirigée spécifiquement contre une autre protéine, ici la nectin-4. Cette protéine est présente dans 90 % des cancers des voies urinaires. Cet anticorps est couplé à un agent chimiothérapeutique inhibant la reproduction des cellules cancéreuses.

« De précédents essais thérapeutiques avait permis d’observer une efficacité particulièrement encourageante de ce traitement chez des patients dont la maladie était très avancée avec une bonne réponse dans 40 % des cas », nous explique le Dr Loriot. Il s’agissait alors de patients en échec des traitements usuels par chimiothérapie et immunothérapie. De plus, la tolérance pour ce traitement avait été évaluée comme acceptable conduisant à son autorisation de mise sur le marché aux États-Unis et au développement de cette étude internationale dont les résultats sont parus en février.

Plusieurs centaines de patients ont été inclus dans cette étude. Il s’agissait là encore de patients en échec des thérapeutiques actuellement disponibles en première intention et qui auraient pu bénéficier d’une nouvelle ligne de chimiothérapie. Ce traitement était injecté de façon hebdomadaire par perfusion intraveineuse en hôpital de jour.

Les résultats montraient une diminution du risque de décès de 30 % et une meilleure survie sans progression de la maladie avec un taux de réponse similaire aux études antérieures.

« La qualité de vie semble meilleure chez les patients traités par enfortumab vedotine, notamment grâce au peu d’effets secondaires », nous explique le Dr Loriot. Il a été constaté quelques pertes de sensibilité et des éruptions cutanées fréquentes et parfois graves.

Compte-tenu de ces résultats, les sociétés savantes devraient considérer l’enfortumab vedotine comme traitement standard en troisième ligne dans un premier temps.

De nouveaux essais sont en cours afin d’évaluer en première ligne toujours chez les patients atteints de métastases en combinaison au pembrolizumab, une immunothérapie déjà utilisée dans ce type de cancer. En effet, une étude préliminaire a montré des résultats impressionnants pour cette combinaison.

Cette association est également évaluée pour les patients atteints de cancer de la vessie invasif mais sans métastases et qui doivent bénéficier d’une chirurgie d’ablation de vessie.

D’autres anticorps conjugués sont également développés et d’autres indications sont évoquées pour des stades les moins avancés de cancer de vessie. « De grandes avancées en perspectives donc pour nos patients », se réjouit le Dr Loriot. « Espérons que les autorisations de mise sur le marché, ou tout du moins l’octroi rapide d’une autorisation temporaire d’utilisation permettent aux patients français d’en bénéficier rapidement », tempère-t-il.

 

 

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