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Évaluation de l’homme infertile : recommandations AFU 2007

Référence : Prog Urol, 2008, 2, 18, 95-101
Résumé

L’évaluation initiale de l’homme dans un couple infertile doit être réalisée en l’absence de grossesse après un an de rapports non protégés. Le délai peut être raccourci en cas de facteur de risque d’infertilité ou de questionnement d’un des partenaires du couple. L’évaluation minimale complète de chaque homme infertile doit inclure l’histoire médicale et reproductive complète, un examen physique réalisé par un urologue ou un autre spécialiste de la reproduction masculine et au moins deux spermogrammes. En fonction des résultats de ce premier bilan, des examens complémentaires peuvent s’avérer nécessaires. Une évaluation endocrinienne initiale doit comprendre au moins un dosage de la testostérone totale et de la FSH. Elle s’impose s’il y a une concentration de spermatozoïdes anormalement basse, une dysfonction sexuelle, des signes et/ou symptômes suggérant une endocrinopathie. Une analyse postéjaculatoire des urines doit être réalisée chez les patients présentant un volume éjaculé inférieur à 1ml, exception faite des patients présentant une agénésie bilatérale des canaux déférents (ABCD) ou des signes cliniques d’hypogonadisme. Si une éjaculation rétrograde est diagnostiquée, son traitement doit être considéré avant d’entreprendre une technique de recueil du sperme en vue d’une technique d’assistance médicale à la procréation (AMP). L’échographie scrotale est indiquée chez les patients à examen scrotal difficile ou pour dépister les pathologies associées, notamment les tumeurs testiculaires. L’échographie prostatique par voie transrectale est indiquée chez les patients présentant une azoospermie excrétoire et/ou un faible volume éjaculé. Les tests spécialisés du sperme ne sont pas recommandés dans le diagnostic de routine de l’infertilité masculine. Ils peuvent être utiles dans un petit nombre de cas pour identifier un facteur masculin pouvant expliquer l’infertilité ou pour choisir une thérapeutique spécifique comme l’AMP. Le caryotype et l’analyse du chromosome Y doivent être proposés aux hommes présentant une azoospermie non obstructive ou une oligospermie sévère avant la réalisation d’une ICSI. Les tests génétiques à la recherche d’une mutation du gène ABCC7 (ex-CFTR) doivent être proposés aux hommes et à leur partenaire avant tout traitement utilisant le sperme d’homme présentant une ABCD ou une anomalie congénitale unilatérale de la voie séminale. Un conseil génétique doit être proposé chaque fois qu’une anomalie génétique est détectée ou suspectée chez l’homme ou sa partenaire. Un examen génétique chez la partenaire, sujet asymptomatique, ne peut être prescrit que par un médecin œuvrant au sein d’une équipe pluridisciplinaire, rassemblant des compétences cliniques et génétiques, déclarée au ministère chargé de la santé. La biopsie testiculaire diagnostique et la déférentographie doivent être réalisées par un urologue-andrologue habilité à effectuer les prélèvements chirurgicaux de spermatozoïdes.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
Évaluation de l’homme infertile : recommandations AFU 2007
Optimal evaluation of the infertile male. 2007 French urological association guidelines
 
Introduction

L’infertilité est définie par l’incapacité pour un couple sexuellement actif et n’utilisant pas de contraception d’obtenir une grossesse sur une année. Environ 15 % des couples ne parviennent pas à débuter une grossesse avant un an de rapports non protégés. Un facteur masculin, presque toujours marqué par des anomalies du spermogramme, est à lui seul responsable d’environ 20 % des infertilités de couple et contribue à l’infertilité dans 30 à 40 % des couples [1]. Cette revue présente les recommandations du Comité d’andrologie de l’association française d’urologie concernant l’évaluation diagnostique de l’homme infertile. Elles ont été rédigées en tenant compte des dernières données de la littérature et des recommandations des autres sociétés savantes, notamment de celles de l’European Association of Urology, de l’American Urological Association et de l’American Society for Reproductive Medicine [2, 3, 4].

Objectifs de l’évaluation de l’homme infertile

Les principaux objectifs de l’évaluation de l’homme infertile sont d’identifier les éléments suivants :

les conditions qu’il est possible de corriger afin d’amener le couple à concevoir sans recours à une technique d’aide médicale à la procréation (AMP) ;
les conditions irréversibles qui amènent à l’utilisation de techniques d’AMP avec utilisation du sperme du conjoint ;
les conditions irréversibles pour lesquelles les seules options possibles sont l’insémination avec sperme de donneur ou l’adoption ;
les conditions faisant courir un risque grave dont la première manifestation est l’infertilité ;
les anomalies génétiques qui peuvent affecter la santé du conceptus lorsque des techniques d’AMP doivent être employées.

Évaluation initiale nécessaire chez tous les patients

Chacun des partenaires d’un couple essayant sans succès d’avoir un enfant depuis plus d’un an de rapports réguliers non protégés doit être exploré et avoir un bilan comportant un interrogatoire complet, un examen clinique et des examens complémentaires détaillés plus loin.

Une évaluation devrait également être réalisée avant ce terme s’il existe les éléments suivants :

des facteurs de risque d’infertilité masculine tels que :
un antécédent de cryptorchidie, d’épididymite, de torsion aiguë du cordon spermatique, de traumatisme testiculaire, de cure de hernie inguinale dans l’enfance [5, 6, 7, 8],
une varicocèle [3, 9, 10],
une malformation congénitale de type hypo- ou épispadias [11, 12],

des facteurs de risque d’infertilité féminine, parmi lesquels figure l’âge de la femme (plus de 35 ans) [13, 14] ;
une interrogation du couple concernant la fertilité de l’homme ;
une interrogation de l’homme sur sa propre fertilité en l’absence de partenaire actuelle.

L’interrogatoire doit être systématique et doit rechercher :

l’histoire reproductive avec :
la fréquence des coïts et leur calendrier,
la durée d’infertilité et la fertilité antérieure du couple et des deux partenaires,
la fécondabilité et l’âge de la partenaire : la fertilité d’une femme de 35 ans est réduite de moitié par rapport à celle d’une femme de 25 ans et est inférieure à 5 % au-delà de 40 ans [13, 14],
les pathologies de l’enfance et l’histoire du développement,
les pathologies de système (notamment diabète sucré et affections respiratoires) et les chirurgies antérieures
l’histoire sexuelle incluant les infections sexuellement transmises,
l’exposition à des facteurs délétères pour la spermatogenèse, parmi lesquels la chaleur.

les antécédents reproductifs familiaux ;
les traitements (actuels et antérieurs).

Examen physique

Tout homme infertile ou ayant un facteur de risque d’infertilité masculine doit faire l’objet d’une expertise urologique ou andrologique à la recherche d’anomalies urogénitales. Il en est de même en cas de réduction de la qualité du sperme. Un examen clinique est nécessaire avant toute décision thérapeutique (médicament, chirurgie, AMP).

L’examen physique général fait partie intégrante de l’évaluation d’un homme infertile. En outre, une attention particulière doit être donnée à l’examen des organes génitaux avec :

un examen du pénis, incluant la localisation du méat urétral (hypospadias) ;
la palpation des testicules et la mesure de leur taille (cancer du testicule, hypotrophie, cryptorchidie, atrophie postorchiépididymite ou postorchite ourlienne) ;
la présence et la consistance des déférents et épididymes (recherche des signes obstructifs de la voie génitale). Le diagnostic d’agénésie congénitale bilatérale des déférents (ABCD) est établi par l’examen physique et ne nécessite pas d’exploration chirurgicale [15] ;
la recherche de varicocèle ;
l’évaluation des caractères sexuels secondaires avec distribution de la pilosité, distribution des graisses, recherche de gynécomastie ;
le toucher rectal est fortement recommandé.

Spermogramme

La réalisation d’un spermogramme est systématique. Si les valeurs sont normales, un seul spermogramme est suffisant. En cas d’anomalie au premier spermogramme, il est nécessaire de contrôler les conditions d’examen (délai d’abstinence, conditions de recueil) et un deuxième spermogramme, à au moins un mois d’intervalle, doit être réalisé.

Les méthodes d’analyse du sperme sont discutées dans de nombreux traités et des protocoles de laboratoire détaillés ont été publiés par l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) [16, 17, 18]. Le Tableau 1 résume les valeurs de références (OMS 1999).

L’azoospermie est définie par une absence totale de spermatozoïdes dans le sperme. Le diagnostic repose sur deux examens différents recherchant les spermatozoïdes dans le culot de centrifugation à 3000g pendant 15minutes.

Concernant la morphologie des spermatozoïdes (spermatocytogramme), la classification de David est la plus utilisée en France [19]. Parfois la classification de Kruger peut lui être préférée, mais elle donne très peu d’information sur le flagelle [20, 21]. Dans tous les cas, il est nécessaire de connaître la classification adoptée.

Recommandation 1
L’évaluation initiale de l’homme dans un couple infertile doit être réalisée en l’absence de grossesse après un an de rapports non protégés. Le délai peut être raccourci en cas de facteur de risque d’infertilité ou de questionnement d’un des partenaires du couple.

Recommandation 2
L’évaluation minimale complète de chaque homme infertile doit inclure l’histoire médicale et reproductive complète, un examen physique réalisé par un urologue ou un autre spécialiste de la reproduction masculine et au moins deux spermogrammes. En fonction des résultats de ce premier bilan, des examens complémentaires peuvent s’avérer nécessaires.

Autres tests de l’évaluation de l’homme infertile

L’évaluation complète de l’homme infertile doit débuter par l’histoire reproductive et un interrogatoire complets, un examen physique réalisé par un urologue ou un andrologue et au moins deux analyses de sperme. Le caractère primaire ou secondaire de l’infertilité masculine ne modifie pas les modalités d’évaluation. Si cette évaluation initiale montre une anomalie de l’histoire et/ou de l’examen clinique et/ou un spermogramme anormal, elle peut être complétée par :

des spermogrammes supplémentaires ;
une évaluation endocrinienne (FSH, LH, testostérone, inhibine) ;
une analyse d’urine après éjaculation ;
une échographie +/− doppler qui doit étudier les testicules, les épididymes, les déférents, les vésicules séminales et la prostate ;
des tests spécialisés du sperme ou du liquide séminal ;
une évaluation génétique : caryotype complété à l’appréciation du praticien de recherches de microdélétion du chromosome Y.

Évaluation endocrinienne

Une évaluation endocrinienne devrait être réalisée en cas de :

spermogramme anormal avec une concentration inférieure à 10millions/ml ;
troubles sexuels ;
autres symptômes cliniques suggérant une endocrinopathie.

L’évaluation minimale comporte un dosage sérique de la FSH et de la testostérone [22]. En cas de résultat anormal du dosage de testostérone totale, il est conseillé d’effectuer sur un nouveau prélèvement un dosage de la testostérone totale et de la sex hormone binding globulin (SHBG), en complétant éventuellement par le calcul de la forme libre ou biodisponible, et de doser la LH et la prolactine. L’inhibine est un marqueur plus sensible que la FSH qui peut être prescrit en complément [23]. Si une spermatogenèse anormale peut s’accompagner d’un taux normal de FSH, une élévation de la FSH est clairement significative d’une altération de la spermatogenèse.

Recommandation 3
Une évaluation endocrinienne initiale doit comprendre au moins un dosage de la testostérone totale et de la FSH. Elle s’impose s’il y a :
une concentration de spermatozoïdes anormalement basse, notamment au dessous de 10millions/ml ;
une dysfonction sexuelle ;
des signes et/ou symptômes suggérant une endocrinopathie.

Recommandation 4
Une analyse postéjaculatoire des urines doit être réalisée chez les patients présentant un volume éjaculé inférieur à 1ml, exception faite des patients ayant une agénésie bilatérale des canaux déférents (ABCD) ou des signes cliniques d’hypogonadisme. Si une éjaculation rétrograde est diagnostiquée, son traitement doit être considéré avant d’entreprendre une technique de recueil du sperme en vue d’une technique d’aide médicale à la procréation.

L’analyse postéjaculatoire des urines

Un faible volume ou une absence d’éjaculat doit suggérer une éjaculation rétrograde, une mauvaise émission du sperme, une obstruction des canaux éjaculateurs, un hypogonadisme, ou une agénésie déférentielle bilatérale.

En l’absence d’anomalie du recueil du sperme qui reste la cause la plus fréquente des hypovolémies spermatiques, le diagnostic d’éjaculation rétrograde doit être évoqué devant tout volume inférieur à 1ml chez des hommes n’ayant ni hypogonadisme, ni agénésie déférentielle bilatérale. L’examen postéjaculatoire des urines doit être réalisé après centrifugation d’échantillons pendant 10minutes à au moins 300g avec un examen du culot au microscope (×400). Il n’y a pas de consensus sur la définition du nombre significatif de spermatozoïdes devant être présents dans les urines pour le diagnostic d’éjaculation rétrograde. Si une éjaculation rétrograde est diagnostiquée, son traitement doit être considéré avant d’entreprendre une technique de recueil du sperme en vue d’une technique d’assistance médicale à la procréation.

Échographie des voies génitales

L’échographie transrectale

L’échographie transrectale est indiquée chez les patients azoospermes chez lesquels on suspecte une cause excrétoire. Certains experts recommandent une échographie transrectale chez les patients oligospermiques avec faible volume éjaculé, déférents palpables, volume testiculaire normal, pour déterminer s’il existe une obstruction des canaux éjaculateurs [24].

L’échographie scrotale

La plupart des pathologies scrotales sont palpables. L’échographie scrotale est indiquée chez les patients chez qui l’examen scrotal est difficile ou chez qui une masse testiculaire est suspectée. Certains experts recommandent la réalisation d’une échographie scrotale chez les patients infertiles s’il existe des facteurs de risque de cancer testiculaire (cryptorchidie, antécédents de cancer du testicule, testicule atrophique), voire de façon systématique en raison du lien étroit entre infertilité masculine et cancer du testicule [25]. En revanche, il n’y a pas d’indication à réaliser un dépistage de la varicocèle infraclinique par échographie scrotale [24].

Recommandation 5
L’échographie scrotale est indiquée chez les patients à examen scrotal difficile ou pour dépister les pathologies associées, notamment les tumeurs testiculaires. L’échographie prostatique par voie transrectale est indiquée chez les patients ayant une azoospermie excrétoire et/ou un faible volume éjaculé.

Examens spécialisés du sperme et des spermatozoïdes

Dans certains cas, les analyses standard du sperme ne peuvent prédire exactement la fertilité masculine. Certains tests spécialisés ont été développés pour améliorer l’évaluation de l’homme infertile.

La quantification des leucocytes dans le sperme

Un nombre élevé de polynucléaires dans le sperme est souvent associé à une altération de la fonction et de la mobilité des spermatozoïdes. Lors de l’examen microscopique, les leucocytes et les cellules germinales immatures peuvent être confondus sous le terme de cellules rondes. Il est nécessaire que l’examen spermatique différencie ces cellules immatures des leucocytes. Seuls les patients ayant une leucospermie vraie (supérieure à 1 million de leucocytes par ml) doivent être évalués à la recherche d’une infection ou d’une inflammation des voies génitales [26].

La recherche des anticorps antispermatozoïdes

Les taux de grossesse spontanée sont diminués en présence d’anticorps antispermatozoïdes dans le sperme. La recherche d’anticorps antispermatozoïdes peut être envisagée lorsqu’il y a :

un antécédent traumatique, de torsion spermatique ou de chirurgie scrotale ;
une asthénospermie isolée avec une concentration spermatique normale associée à une agglutination des spermatozoïdes ou un test postcoïtal anormal.

Cette recherche n’est pas nécessaire si une ICSI est envisagée [27].

Le test postcoïtal

Le test postcoïtal est un examen microscopique du mucus cervical réalisé juste avant la date prévue d’ovulation, quelques heures après un rapport sexuel pour identifier la présence de spermatozoïdes mobiles dans la glaire. Ce test peut aider à identifier un rapport sexuel inefficace ou un facteur cervical qui ne serait pas suspecté sur l’historique, ou l’examen clinique. Cependant, il n’y a pas de consensus quant à la technique, la chronologie et l’interprétation du test et il existe de très grandes variations intra- et interobservateurs. Ce test doit être réservé en priorité aux couples chez qui les résultats influenceraient la stratégie thérapeutique [28].

D’autres tests peuvent compléter l’évaluation d’un homme infertile, mais ne sont pratiqués que par des centres spécialisés.

Recommandation 6
Les tests spécialisés du sperme ne sont pas recommandés dans le diagnostic de routine de l’infertilité masculine. Ils peuvent être utiles dans un petit nombre de cas pour identifier un facteur masculin pouvant expliquer l’infertilité ou pour choisir une thérapeutique spécifique comme l’AMP.

Études génétiques

Les anomalies génétiques peuvent être cause d’infertilité masculine en affectant la spermatogenèse ou le transport du sperme. Les trois grandes causes génétiques associées à l’infertilité masculine sont :

les anomalies chromosomiques entraînant un dysfonctionnement testiculaire ;
les mutations du gène CFTR associées à une anomalie congénitale des déférents ;
les microdélétions du chromosome Y associées à un défaut isolé de la spermatogenèse.

Les anomalies du caryotype

Les anomalies chromosomiques sont présentes chez 7 % des hommes infertiles. La fréquence des anomalies du caryotype est inversement proportionnelle au nombre de spermatozoïdes : 10 à 15 % en cas d’azoospermie, 5 % en cas d’oligospermie et moins de 1 % en cas de normospermie. Les anomalies des chromosomes sexuels (syndrome de Klinefelter XXY) représentent environ deux tiers des anomalies chromosomiques observées chez l’homme infertile. L’étude du caryotype doit être proposée aux hommes qui présentent les cas suivants :

une azoospermie non obstructive ;
ou une oligospermie sévère inférieure à un million de spermatozoïdes/ml sur plusieurs prélèvements successifs ;
ou chez des sujets ayant une numération supérieure à un million/ml associée à des antécédents familiaux de troubles de la reproduction.

Pour certains experts, le caryotype doit être proposé à tous les hommes ayant un spermogramme anormal avant de réaliser une technique de FIV ou d’ICSI.

Les mutations du gêne ABCC7 (ex-CFTR)

Tout homme ayant une agénésie unilatérale ou bilatérale des déférents (ou épididymes) ou des symptômes de mucoviscidose doit être informé de la forte association entre agénésie vésiculodéférentielle et mutation du gène de la mucoviscidose (gène ABCC7, ex-CFTR) qui doit être recherchée chez lui. La découverte d’une mutation chez un homme infertile implique la recherche de mutation d’ABCC7 chez sa compagne. À noter que l’absence de détection d’une anomalie du gène ABCC7 n’élimine pas complètement la présence d’une mutation rare car seules les mutations les plus fréquentes sont recherchées [29].

Les microdélétions du chromosome Y

Les microdélétions du chromosome Y sont retrouvées chez 10 à 15 % des hommes avec une azoospermie ou une oligospermie sévère. On distingue trois régions situées sur le bras long du chromosome Y, la région AZFa (proximale), AZFb (centrale) et AZFc (distale). La présence d’une délétion de la région AZFa ou AZFb est de très mauvais pronostic. En revanche une délétion de la région AZFc est compatible avec la découverte de spermatozoïdes dans l’éjaculat ou dans la biopsie testiculaire.

À ce jour on considère que les enfants nés par ICSI d’un homme ayant une microdélétion du chromosome Y sont à haut risque d’infertilité. Il ne semble pas y avoir d’association entre microdélétion et d’autres problèmes de santé. La recherche d’une microdélétion du chromosome Y peut être proposée aux hommes qui ont une azoospermie non obstructive ou une oligospermie sévère avant réalisation d’ICSI [30].

Recommandation 7
Le caryotype et l’analyse du chromosome Y doivent être proposés aux hommes ayant une azoospermie non obstructive ou une oligospermie sévère avant la réalisation d’une ICSI.
Les tests génétiques à la recherche d’une mutation du gène ABCC7 (ex-CFTR) doivent être proposés aux hommes et à leur partenaire avant tout traitement utilisant le sperme d’homme ayant une ABCD ou une anomalie congénitale unilatérale de la voie séminale.
Un conseil génétique doit être proposé chaque fois qu’une anomalie génétique est détectée ou suspectée chez l’homme ou sa partenaire. Un examen génétique chez la partenaire, sujet asymptomatique, ne peut être prescrit que par un médecin œuvrant au sein d’une équipe pluridisciplinaire, rassemblant des compétences cliniques et génétiques, déclarée au ministère chargé de la santé (Art. R. 145-15-5 du CSP)

Explorations invasives : biopsie testiculaire diagnostique et déférentographie

La biopsie testiculaire diagnostique n’est indiquée que chez l’homme azoospermique après concertation de l’équipe pluridisciplinaire. Elle peut s’accompagner d’un prélèvement de spermatozoïdes épididymaires, déférentiels et/ou testiculaires et doit donc être réalisée par un urologue-andrologue habilité à effectuer ces prélèvements.

La déférentographie n’est licite que si une chirurgie de reperméabilisation est envisagée dans le même temps. Toute reperméabilisation doit s’accompagner d’un recueil et d’une cryoconservation de spermatozoïdes épididymaires, déférentiels et/ou testiculaires. La déférentographie doit donc être réalisée par un urologue-andrologue habilité à effectuer ce prélèvement.

Recommandation 8
La biopsie testiculaire diagnostique et la déférentographie, lorsqu’elles sont jugées nécessaires, doivent être réalisées par un urologue-andrologue habilité à effectuer les prélèvements chirurgicaux de spermatozoïdes.



Tableau 1 - Paramètres spermatiques normaux
Paramètres spermatiques Valeurs seuils 
Délai d’abstinence 3–5jours 
Volume éjaculé 2–6ml 
Numération par ml >20 millions 
Numération par éjaculat >40 millions 
Mobilité >50
Vitalité >50
Pourcentage de formes normales >30% (selon OMS) 
>15% (selon Kruger) 
Leucocytes <1 million 

Références

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  In memoriam.
1  Sous-comité d’andrologie du CCAFU : E. Amar, S. Belley, P. Bondil, D. Chevallier, B. Cuzin, D. Delavierre, M. Demailly, S. Droupy, A. Faix, M. Galiano, F. Giuliano, J.P. Graziana, J. Hermabessière, E. Huygue, V. Izard, F. Kirsch-Noir, F. Marcelli, J.M. Rigot, M. Schouman, L. Sibert, J. Tostain, L. Wagner.


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