Génitoplastie féminisante dans les anomalies du développement sexuel de l’enfant pré-pubère et de l’adolescente au Cameroun. À propos de 9 cas
Le but de ce travail était de rendre compte, après dix années de pratique, de notre expérience de la génitoplastie féminisante chez l’enfant pré-pubère et l’adolescente présentant une anomalie du développement génital (ADG) dans le contexte d’un pays en développement.
Nous avons mené une étude observationnelle, descriptive et rétrospective, allant du 1er novembre 2009 au 1er avril 2019, soit une période de 9 ans. Ont été inclus tous les enfants pré-pubères (8–12 ans) et les adolescentes élevées filles, porteuses d’une anomalie du développement génital, désireuses de chirurgie ainsi que leurs familles et ayant été l’objet d’une génitoplastie féminisante. Les paramètres étudiés ont été : âge au moment de la présentation et de la chirurgie, diagnostic précis, gestes complémentaires, suites opératoires, résultat cosmétique et recul. Pour chaque patient, la chirurgie n’a été de mise qu’après un diagnostic précis au sein d’une équipe multidisciplinaire expérimentée. Les résultats cosmétiques prenaient en compte une réduction de la taille du clitoris et une ouverture séparée de l’urètre et du vagin au périnée.
Neufs enfants pré-pubères et adolescentes élevés filles d’âge médian 8 ans (EI :10,75) ont été colligés. L’âge médian au moment de la chirurgie était de 11 ans (EI : 9,5). Les diagnostics précis retenus ont été : 46, XX ovotestis DSD élevée en fille (n =2) ; 46, XY DSD insensibilité partielle aux androgènes (n =2), 46, XY DSD déficit en 5 alpha réductase élevée fille (n =1), 46, XY DSD déficit en 17-céto-reductase élevée en fille (n =1), 46, XY DSD dysgénésie gonadique (mutation du gène NR5A1 ) élevée en fille (n =2) ; 45,X/46, XY dysgénésie gonadique mixte élevée en fille (n =1). La gonadectomie a dominé les gestes associés, bilatérale dans 7 cas et unilatérale gauche dans 2 cas. Avec un recul médian de 26 mois (EI: 18,25), aucune complication hémorragique n’a été notée, une rétention aiguë d’urine transitoire a pu être observée et les résultats cosmétiques jugés satisfaisants.
La génitoplastie féminisante au Cameroun reste un défi majeur pour le chirurgien pédiatrique et elle ne doit se concevoir qu’après un diagnostic précis. Le traditionnel retard porté à la consultation dans ce contexte apparaît comme un avantage, puisqu’il permet aux patientes de participer aux décisions thérapeutiques qui engagent leur avenir en termes de développement psychosocial mais aussi de fertilité.
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