Introduction
L’automutilation génitale est un phénomène rare qui survient souvent sur un terrain psychotique. Son diagnostic est clinique et sa prise en charge implique une action coordonnée des urologues et des psychiatres.
Matériels et méthode
Nous rapportons une série monocentrique rétrospective de 14 cas d’automutilation génitale (verge et testicules), colligés de janvier 2000 à mai 2019. À côté de la prise en charge psychiatrique et selon le type de lésions nous avons réalisé des réimplantations de verge, des urétrostomies cutanées, des ligatures hémostatiques de cordon spermatique, des ablations d’anneaux. Les réimplantations de verge ont été faites sans microscope ni loupe grossissante et sur la base uniquement d’une anastomose terminoterminale des corps érectiles et de l’urètre. Une abstinence sexuelle a été indiquée pour 6 semaines.
Résultats
La moyenne d’âge de nos malades était de 31,5 ans. Nous avons répertorié dix cas de section de verge dont deux incomplètes, deux cas de strangulation de verge par un anneau métallique, une plaie isolée du gland et trois cas d’ablation des testicules dont deux qui étaient associées à une section de verge. Nous avons réalisé en première intention : 5 réimplantations de verge, 5 urétrostomies cutanées, 2 ablations d’anneaux de strangulation et 3 ligatures hémostatiques du cordon spermatique. Trois malades réimplantés ont eu des suites opératoires immédiates assez satisfaisantes : 2 malades ont bien cicatrisé avec de bonnes sensibilités péniennes, tandis que qu’un malade a présenté une perte de la sensibilité cutanée pénienne. Les deux autres malades par contre ont présenté à j1 une nécrose du moignon réimplanté ayant nécessité une amputation et urétrostomie cutanée. Également, une nécrose de la verge strangulée a été observée dans un cas et a également nécessité un deuxième temps opératoire avec une amputation de la verge nécrosée et une urétrostomie cutanée. Un malade est décédé à j7 par autolyse. À distance, la fonction sexuelle et urinaire des malades réimplantés n’a pu être évalué car perdus de vue. Seuls quelques malades ayant bénéficié d’une urétrostomie cutanée ont été revus aux consultations de suivi. Et avec un recul moyen de 3 ans, aucun trouble fonctionnel urinaire n’a été retrouvé chez eux.
Conclusion
La prise en charge de l’automutilation génitale nécessite une coordination entre urologue et psychiatre. Avec nos conditions les résultats sont mitigés et la réimplantation pénienne devrait se faire idéalement sous microscope avec un chirurgien expérimenté. Toutefois elle peut être tentée tant que se peut, avec l’éventualité de faire une urétrostomie dans un second temps en cas d’échec. Le pilier de la prise en charge de ces malades réside toutefois dans un bon équilibre psychiatrique car ceux-ci ne sont pas à l’abri d’une récidive ou d’une autolyse.
Niveau de preuve
3.