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Incontinence urinaire d’effort : la solution des bandelettes

Parmi les traitements chirurgicaux de l’incontinence urinaire d’effort chez la femme, la pose de bandelettes est le plus communément proposé. Urofrance vous dit tout sur cette technique efficace et bien tolérée.

La vessie et l’urètre sont soutenus par des structures dont l’altération entraine un risque de fuites urinaires à l’effort. Cette incontinence n’est pas une fatalité et l’on peut aujourd’hui solutionner le problème avec une chirurgie bien tolérée et aux effets durables. Le principe des interventions consiste à renforcer le périnée ou le sphincter par différentes techniques utilisant soit des moyens naturels soit des renforts prothétiques.

L’incontinence urinaire d’effort

« L’incontinence urinaire d’effort peut survenir lorsque l’on se lève, que l’on se baisse, que l’on marche, lorsque l’on tousse, que l’on fait du sport ou que l’on porte des charges lourdes », explique le Pr Véronique Phé, responsable du comité de neuro-urologie de l’AFU et urologue à l’hôpital Tenon à Paris. Cette incontinence urinaire à l’effort touche principalement des femmes qui ont eu plusieurs grossesses, des accouchements difficiles (forceps), des bébés au poids de naissance important, mais également des femmes qui n’ont pas fait de rééducation périnéale après l’accouchement. D’autres facteurs comme le surpoids, l’obésité, les chirurgies pelviennes, les maladies neurologiques, la constipation chronique, certains sports peuvent induire une incontinence urinaire d’effort.

Quelles sont les indications chirurgicales ?

« Avant tout geste chirurgical, on commence par proposer à la patiente d’effectuer des séances de rééducation périnéale », précise le Pr Phé. L’urologue prodigue aussi un certain nombre de conseils susceptibles d’atténuer, voire de faire disparaître les fuites urinaires à l’effort comme la perte de poids si nécessaire. La chirurgie n’est pas systématique. « L’intervention chirurgicale est uniquement proposée après échec de la rééducation », fait remarquer la spécialiste de Tenon.

Le rôle des bandelettes

Lorsque l’indication chirurgicale est confirmée, l’urologue propose à sa patiente la pose de bandelettes urinaires quand l’incontinence urinaire à l’effort est principalement due à une hypermobilité de l’urètre. Cette intervention consiste à introduire sous l’urètre, une bandelette synthétique pour soutenir la structure altérée qui n’assure plus son rôle de soutènement. La bandelette est une prothèse qui renforce l’urètre. De façon imagée, c’est comme si l’on plaçait un hamac sous l’urètre. « C’est un excellent traitement, les bandelettes fonctionnent très bien, confirme le Pr Phé. Le recul dont nous disposons est conséquent et nous permet de dire que c’est une chirurgie efficace ». La mise en place des bandelettes s’effectue en ambulatoire, habituellement sous anesthésie générale. L’intervention dure une trentaine de minutes. Il existe des alternatives à la cure d’incontinence urinaire d’effort en dehors des bandelettes synthétiques. Ces alternatives sont systématiquement proposées et discutées avec les patientes.

Les suites opératoires

Pour que la chirurgie soit couronnée de succès, la période de convalescence est importante et doit être prise très au sérieux. « Les patientes sont prévenues que la reprise du travail et des activités n’est pas immédiate. C’est un point important. La durée des arrêts de travail dépend de l’activité professionnelle de la patiente et cela implique qu’elle s’organise tant dans sa vie professionnelle que familiale. Pour un travail sédentaire, l’arrêt peut-être de 15 jours, mais il est généralement d’un mois en cas de travail physique. Pendant cette période, il faut éviter tout exercice physique, le port de charges lourdes, le sport, les rapports sexuels », prévient le Pr Phé.

L’importance du suivi

Le suivi des patientes est également essentiel au bon fonctionnement de ce traitement. Un mois après la chirurgie, la patiente revoit son urologue pour confirmer le résultat ou détecter l’apparition d’éventuels effets secondaires. Un examen clinique minutieux confirme l’efficacité de la bandelette, la cicatrisation au niveau du vagin, l’absence de douleur et d’infection. Si aucune anomalie n’est détectée, l’urologue autorise la reprise progressive des activités sans rééducation post chirurgicale. Un suivi à distance sera ensuite proposé. « Une fois posées, les bandelettes restent en place et n’ont pas besoin d’être changées. Il s’agit d’une chirurgie extrêmement réglementée, encadrée et qui nécessite une surveillance à court et moyen terme », explique le Pr Phé. Le recul vis-à-vis de cette technique est désormais important et l’ensemble des études convergent vers une efficacité des bandelettes qui se pérennise dans le temps. La spécialiste de Tenon prévient tout de même : « Avec l’âge et le vieillissement apparaissent d’autres types d’incontinences, d’autres mécanismes qui peuvent se surajouter au problème initial. Cela n’est pas dû au fait que les bandelettes se détendent, mais plutôt à une modification éventuelle de la vessie ou à une perte de tonicité du sphincter ».

Les complications très rares

La chirurgie de pose de bandelettes est peu douloureuse et très bien tolérée. Si des douleurs aigues ou intenses apparaissent dès le réveil ou dans les 24 heures après l’opération, elles ne doivent pas être banalisées et la situation requiert l’avis du chirurgien. Les reprises chirurgicales sont extrêmement rares, mais il arrive que la bandelette soit retirée si les douleurs sont anormalement aigues et intenses au réveil. Dans la plus grande majorité des cas, avec un bon suivi, la vie reprend normalement un mois après l’opération.

 

Vanessa Avrillon

24-10-2022

Crédit photo : AdobeStock_256167502

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